Vers la République française régénérée

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JULES MICHELET, SON LIVRE TITRÉ LA SORCIÈRE,
PREMIÈRE ÉDITION EN 1862 A.L.P.J.C.


Ce livre est déiste, peu importe. Pour les extraits suivants, les références précises de l’édition employée sont momentanément égarées.

« Épilogue
[...] Satan, [...] Jésus, [...]. [...] savez-vous ce qui proteste, ce qui solidement sépare les deux esprits, et les empêche de se rapprocher ? C’est une réalité énorme qui s’est faite depuis cinq-cents ans. C’est l’œuvre gigantesque que l’Église a maudite, le prodigieux édifice des sciences et des institutions modernes, qu’elle excommunia pierre par pierre, mais chaque anathème grandit [fit grandir], augmenta d’un étage [ce qu’elle voulait détruire]. Nommez-moi une science qui n’ait été une révolte.
Il n’est qu’un seul moyen de concilier les deux esprits et de même les deux églises [celle de « Satan », et celle de « Jésus »]. C’est de démolir la nouvelle [celle de « Satan »], celle qui, dès son principe, fut déclarée coupable, condamnée. Détruisons, si nous le pouvons, toutes les sciences de la nature, l’Observatoire, le Muséum et le Jardin des Plantes, l’École de Médecine, toute bibliothèque moderne. Brulons nos lois, nos codes. Revenons au droit canonique [de l’Église chrétienne catholique romaine et peut-être d’autres Églises chrétiennes anciennes].
Ces nouveautés, toutes, ont été Satan. Nul progrès qui ne fût son crime.
C’est ce coupable logicien qui, sans respect pour le droit clérical, conserva et refit celui des philosophes et des juristes, fondé sur la croyance impie du Libre arbitre.
C’est ce dangereux Magicien qui, pendant qu’on discute sur le sexe des anges et autres sublimes questions, s’acharnait aux réalités, créait la chimie, la physique, les mathématiques. Oui, les mathématiques. Il fallut les reprendre ; ce fut une révolte. Car on était brulé pour dire que trois font trois [alors que certains chrétiens disent que trois font un, le prétendu dieu unique nommé Trinité].
La médecine, surtout, c’est le vrai satanisme, une révolte contre la maladie, le fléau mérité de Dieu. Manifeste péché d’arrêter l’âme en chemin vers le ciel, de la replonger dans la vie !
Comment expier tout cela ? Comment supprimer, faire crouler cet entassement de révoltes, qui aujourd’hui fait toute la vie moderne ? Pour reprendre le chemin des anges, Satan détruira-t-il cette œuvre ? Elle repose sur trois pierres éternelles : la Raison, le Droit, la Nature.
L’esprit nouveau est tellement vainqueur, qu’il oublie ses combats, daigne à peine aujourd’hui se souvenir de sa victoire. Il n’était pas inutile de lui rappeler la misère de ses premiers commencements, les formes humbles et grossières, barbares, cruellement comiques, qu’il eut sous la persécution, [...]. [...]
L’Anti-Nature pâlit, et le jour n’est pas loin où son heureuse éclipse fera pour le monde une aurore. »


Au cas où certains lecteurs n’auraient pas compris, Michelet employa de l’ironie.
Par ailleurs, il s’illusionnait car, la nation française au moins, n’ayant pas voulu chasser complètement l’Église papiste de sa vie publique, et n’ayant pas voulu en plus la détruire, se retrouva avec sa vie publique toute imprégnée par elle.

Mise à jour le Jeudi, 20 Octobre 2016 11:11